En finir avec la page blanche.
Dans notre culture du prêt-à-penser, surtout quand il s’agit d’Art, une expression revient sans cesse : la page blanche. La très légendaire page blanche et ses nombreux avatars : le mystère de la page blanche, le vide de la page blanche , l’angoisse de la page blanche...De quelle page soi disant virginale parle-t-on et d’où tient elle sa virginité ?
De nulle part. La trop fameuse page blanche de l’artiste N’EXISTE PAS ! Bien au contraire. Sur la page blanche de ma toile immaculée se bousculent les ocres de Lascaux, les rouges du Titien, les ombres de Rembrandt, la lumière du Caravage, les noirs de Manet et ceux de Soulages, les vibrations de Rothko et le crépitement de Pollock... Le vide de la page blanche est surpeuplé !
Blanche, j’eusse préféré qu’elle le fût cette page initiale encombrée de couleurs.
Au lieu de ça, tout effacer, remettre à nu le palimpseste. Repartir, recommencer. Revenir au chaos premier, au chaos-germe dont parlait Deleuze. Effacer des autres mais aussi de soi car rien n’est pire que se copier soi-même. Effacer sans rien oublier, ultime paradoxe, puisque l’artiste demeure un « être de Culture ». Effacer pour renaître, retrouver la palpitation première. Effacer pour créer.
L’outil essentiel de l’artiste c’est la gomme !
Marc Trabys (mai 2020)